Texte de Denys-Louis Collaux , Ecrivain qui a participé à deux LV 3
L’écrivain Denys-Louis Colaux vient de quitter ce monde d’en bas ce 23 juillet 2020 à 61 ans….
Issue d’un milieu artiste (père dessinateur – amateur, grands-parents collectionneurs), Marie-Françoise Hachet-de Salins origine sa vocation dans la rencontre, dès l’enfance, avec un professeur passionné qui sera, dit-elle « le fil rouge de son parcours ». Voilà le point d’ancrage d’une longue aventure en art. Souvent, l’instant décisif est celui d’une rencontre providentielle. Marie-Françoise Hachet-de Salins, mène d’abord une carrière d’institutrice, dans laquelle place est faite à l’initiation artistique de ses élèves. Cette carrière accomplie (entre 1972 et 1996), elle s’investit plus totalement encore dans la création : peinture, photographie, aquarelle, photomontage, collage, gravure, création de papier et de livres-objets. Elle est aussi détentrice d’une licence en histoire de l’art. En réalité, la passion de l’art l’occupe, l’illumine et la soutient depuis la prime enfance. La vie de l’artiste est habitée par la spiritualité et la foi. On verra que cette foi ne la confine mais la porte, ne l’ankylose mais l’ouvre au monde, à la quête, au cheminement de l’aventure artistique. Si bien qu’il m’est donné d’apprécier avec une même intensité, une même curiosité séduite, ses anges, ses nus, ses stations du Calvaire ou ses abstractions. Ce large spectre d’action est fascinant. Mais le vaste faisceau de cette aventure en art semble avoir pour axe le territoire de la vie intérieure et spirituelle. Et c’est ce passionnant caractère de l’aventure intime, – dans l’insaisissable et exaltant intervalle qui sépare la maîtrise de l’aléatoire -, qu’elle évoque dans un interview à Ouest-France en février 2005 : Le travail sur la plaque est un travail d’introspection. C’est aussi une part laissée au hasard, un peu comme en photographie. Tout n’est pas inscrit, on lance des pistes et le bain d’acide fait le reste. L’artiste, je l’ai écrit, a mené une carrière d’insitutrice et son parcours reste jalonné d’expériences pédagogiques. Je n’en veux pour exemple que ce beau projet mené en juin 2005 avec des adolescents du Collège Saint-Félix (Unité Pédagogique d’Intégration). Avec eux, à raison de deux heures semaines, elle a entrepris une aventure de découverte des techniques de la peinture et de la gravure, mais également de la fabrication du papier et de pâte pour créer des œuvres plastiques. Avec des enfants plus jeunes, entre 2007 et 2008, elle crée des ateliers de linogravure à l’Ecole Saint-Joseph-du-Guiriel à Hennebont (Morbihan). A l’écart de ces entreprises pédagogiques, l’artiste accumule les expositions collectives et personnelles en France et en Europe et au Japon. Pour permettre au visiteur de se forger une idée sur la richesse du parcours personnel de l’artiste, je lui recommande la consultation de cet article prélevé dans le site personnel de Mary-Françoise Hachet-de Salins :
Il faut à présent que je tente de dire ou du moins d’évoquer le petit plus qui me captive et m’enthousiasme dans cette œuvre vaste et polymorphe. D’abord, si j’essaie d’ordonner mes sensations, je dirai que le voyage temporel et spatio-temporel proposé par l’œuvre me ravit. De l’image biblique et de l’univers des messagers à la création abstraite contemporaine en passant par l’idéogramme ou le livre-objet, avec toujours une signature singulière, une sorte d’humilité élégante et de génie inventif singulièrement associés, Hachet-de Salins impressionne par son ouverture d’esprit et la qualité de sa fervente inspiration, par la curieuse beauté de son voyage intérieur. Son infatigable désir d’apprendre et d’expérimenter du nouveau m’enchante. J’aime chez elle le noble goût d’initier et le désir du partage. Tout, enfin, dans son travail, semble vivre et respirer à la fois dans l’accomplissement d’un objet en tant qu’œuvre d’art mais aussi dans une sorte de proclamation spirituelle. Tout, chez cette artiste, semble appartenir au sacré et d’abord le désir de créer. Le sacré vibre ici, digne, humble, irrépressible. L’émanation du sacré est dans la respiration de l’œuvre. Comme un feu chaleureux et un heureux parfum. J’aime enfin en cet art et en cette foi qu’ils s’accomplissent, chargés de mémoire, dans le présent. Et je regarde comme une poignante et superbe métaphore de l’artiste cette création mail-art d’un magnifique courrier au caractère pratiquement médiéval. Superbe feu de couleurs abstrait, un messager, un grand soin dans la transcription calligraphique : l’artiste ouvre là son éventail temporel et spatial, son sens de la minutie et du vaste. Beau, vous dis-je, présent et ancré dans l’histoire. En ami du livre, il faut que je dise un mot sur les livres d’artistes que signe Hachet-de Salins. Ils sont si beaux, si originaux, si méticuleusement accomplis qu’il me semble que nous avons affaire ici à une factrice de livres, c’est-à-dire une créatrice qui est à l’imprimerie ce que le facteur est aux orgues ou le luthier au violoncelle. L’âme de ses livres sonne merveilleusement. On trouve aussi l’artiste sur facebook