Un premier livre entre gravures et textes poétiques

Vient de paraître aux éditions l’Enfance des arbres , le 5 Avril 2018

« Certains matins » de Marie-Françoise Hachet – de Salins

Passion de la gravure, passion des mots…
50 gravures en dialogue avec des poèmes

Une Eau-Forte originale sur papier Arches 250 gr. est offerte avec chacun des cent premiers recueils commandés.

Prix 15 euros + 3,50 euros de frais de port (5 euros à partir de deux exemplaires)

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« Voici, avec cet ouvrage, une subtile initiation à l’art de la gravure tel que le conçoit Marie-Françoise Hachet – de Salins. Nous baignons là dans une atmosphère de mystère. Et cependant chaque gravure nous est donnée comme un ancrage concret, une empreinte visible, pour laisser résonner en nous le poids de silence et d’invisible dont elle est lestée. Au plus vif de l’absence. Car les figures du voile et de la peau que déploie ce parcours artistique ne sont là que pour signifier d’abord ce qui se dérobe à notre vue… » (extrait de la postface de Jean Lavoué)

Note de lecture

Certains Matins

Marie Françoise Hachet – de Salins

J’ai beaucoup aimé les poèmes de Marie Françoise de Salins et la façon dont ils s’articulent avec les gravures en laissant une large place au mystère et à l’imaginaire. Je connaissais le travail graphique de Marie-Françoise, dont j’ai suivi l’évolution technique et artistique depuis longtemps, avec ses motifs récurrents, ses recherches sur la forme et le fond, le choix des matières et matériaux, ses illustrations pour des livres d’artistes, son travail avec d’autres poètes, mais pas son écriture. Une fort belle découverte.

Il y a beaucoup de légèreté et de profondeur, un syncrétisme spirituel, de l’intime et de l’universel aussi, de l’éthéré et du sensuel, de la lumière et des ténèbres, du trouble et de l’évidence, de la transparence et de la pudeur, on y voyage au plus près de soi parfois et dans la rencontre de l’Autre.

Les passerelles qui prolongent ce travail, et auxquelles il est fait référence dans la préface, vers Dürer ou le Quattrocento par exemple, ouvrent des portes évidemment, puisque c’est aussi de cela dont il est question. Vers des espaces inconnus et des territoires familiers à la fois, des lieux, des éclats, des images ésotériques, historiques, esthétiques, très charnels aussi, très personnels tout en étant à l’écoute d’autres cultures. Ces ponts esquissés, ces directions suggérées, ces voiles délicatement soulevés, la mise en page elle-même, la saveur des mots qui sonnent, claquent, glissent, passent dans un souffle, se font écho, s’incarnent un instant puis s’évanouissent, tout entre en résonnance pour constituer les fragments d’une mosaïque sans cesse redessinée.

Christine Corlay

Professeur Agrégé des Universités

Certains matins Marie-Françoise Hachet de Salins Editions : L’enfance des arbres L’écriture parfois savante ainsi que les références religieuses pourraient être un obstacle à la lecture et donner une impression d’hermétisme ; mais elles en sont aussi la richesse, comme la voie de l’intériorité dont ce recueil nous parle, une voie qui n’est jamais facile. Les premiers poèmes sont une méditation en plusieurs variations du thème de la porte, une méditation qui se poursuit avec l’évocation du voile, ce voile qui conduit à la mort du Christ, rappelant le voile du Temple qui se déchire : « déchirer le voile et rebâtir le Temple ». Plusieurs poèmes évoquent tout ce que le voile recèle de symboles et ce qu’il cache, car sous le voile le Mystère. Pour Marie-Françoise Hachet, le poète et l’artiste ont pour rôle de percevoir le mystère et de le révéler, ils soulèvent le voile pour atteindre l’invisible. Le voile est une voie pour aller à la rencontre de ce que l’on est ; le voile aussi pour masquer le visage, la féminité, cacher les mots, mais aussi et c’est là tout le paradoxe, le voile pour permettre l’expression artistique : « voile -Tarlatane / Imprégné d’encre » ou « voile -papier » pour y laisser son empreinte, pour la poète le voile est bien la métaphore de nos vies, à l’image de tous nos questionnements. Avec le poème « Voile Présence » commence une autre version plus méditative, voire mystique : « Ton Absence dans ta Présence/ est Mystère ». Comme en écho à ce poème (p.72) Ton Absence nous remplit de questionnements Et de doutes. Ton Absence dans ta Présence est Mystère Le poème (p.76 Ton Absence-Présence nous invite à la Méditation. Ta Présence Réelle ou Irréelle, Présence Impalpable, Mystique, Présence en transcendance Difficile à Percevoir, Qui nous invite à cet au-delà de la forme visible. Le voile nous cache le visible pour mieux nous révéler l’invisible, comme cet autre tissu, le Saint Suaire posé sur le visage de l’Homme, pour en garder l’empreinte, trace invisible de cette Présence-Absence, trace invisible du Mystère, trace de cette incarnation, trace de cette « Chair Ecorchée », de cette chair divine et de son corps de lumière qui a traversé le linceul blanc… Le poème qui clôt le recueil reprend le premier vers du poème d’ouverture : « certains matins, comme ça ». « Certains matins » l’expression choisie pour titre au recueil. En ces poèmes les portes se sont bien ouvertes pour chasser tout voile, dévoiler les souvenirs, dissiper les ombres et ouvrir des passages vers l’infini. Ghislaine Lejard

Poème d’ouverture Certains matins, comme çà Les portes s’ouvrent au moindre coup de vent Comme un voile, Seuil entre deux mondes, Seuil, lieu de l’Obole, Seuil, lieu de la Parole qui répond à l’Absence ou de la Présence qui choisit le Silence, Seuil, lieu de l’écart, Seuil, lieu de tension, Seuil, lieu de Vie, Seuil, destin de disparition, Seuil, mot dans l’invisible. ……………………………………………………….. Poème final Certains matins, comme çà Les rideaux, si dociles, s’envolent, Ils nous dévoilent, L’enfilade des portes de nos souvenirs, Ils font émerger, Les Mystères de nos brouillards, Les voiles de nos brumes, Les Apparitions de nos pensées, Ils dissipent les ombres de nos désirs, Ils nous ouvrent des passages vers l’Infini, Ils délivrent sur notre peau des ondes positives… Les poèmes sont accompagnés de gravures de Marie- Françoise Hachet, son travail est toujours dans l’entre-deux des images et des mots mis en écho, ce recueil est bien l’expression de cette double écriture poétique et révèle comme le dit Jean Lavoué dans la postface : « tout un chemin d’artiste… dans cette alliance de l’écriture poétique, de la gravure. » Ghislaine Lejard

L’ouvrage que propose Marie-Françoise Hachet-de Salins offre de véritables variations sur l’art de la gravure (la taille d’épargne, l’eau-forte, la pointe sèche…) ainsi qu’un compositeur de musique peut reprendre ses thèmes à l’envi, toujours à la recherche de l’accord, pour faire surgir leurs multiples couleurs. Et le talent que l’artiste expose ici la conduit, conjointement, du seuil souvent à la limite de la brèche où elle se place, à graver en écho l’expression de la recherche de sens qu’elle souhaite donner en partage, car finalement « l’esprit s’impose au papier et le transforme » dans des jeux d’ombres et de lumières.

Les symboles qui sont retenus et pris en compte, notamment les portes, le voile, le visage, la peau, mais encore l’encre et la voix, le vide, sont là pour révéler quelque chose du mystère de nos existences, tout en quêtant son dévoilement au creux du silence, par la grâce de « petits instants de Vie » et la « douceur des matières » où susurre l’au-delà du perceptible.

Il se fait jour que cette sensibilité à ce qui nous dépasse, à ces lueurs de moments rares que l’on peut penser indéchiffrables, à l’indicible, soit un enjeu de taille pour l’artiste qui aimerait jusqu’à pouvoir lui donner un visage. Cependant cette absence-présence qu’elle pressent, invite, dit-elle, à la confiance.

En somme, le recueil vient proposer à la sagesse de toute âme un langage ancré dans la réalité, nourri d’une forte richesse culturelle et d’un vocabulaire parfois recherché, aussi de la réflexion de certains grands maîtres de la spiritualité et des religions, de manière à laisser germer une perception renouvelée du monde, surtout à ouvrir la dimension du regard.

Jean-Pierre Boulic